Magazine lifestyle et spiritualité des femmes musulmanes !

Aïd Al-Adha : pourquoi donner son mouton ?

Par RZ

Publié le 3 Sep, 2015

C’est bientôt la plus grande fête de l’année : Aïd Al-Adha. Qui dit Adha, dit sacrifice. C’est LE moment de l’année, idéal pour un grand barbecue où on peut se rassasier de viande de mouton.

Un peu de contexte

Ceci dit, à l’origine, cette grande fête réunit deux dimensions : la première est historique étant donné qu’il s’agit d’une tradition qui nous vient du Prophète Ibrahim (que la paix soit sur lui). La deuxième est sociale et solidaire du fait des obligations qui en découlent. Cette dimension sociale et solidaire est la raison majeure pour laquelle certains préfèrent à donner leur mouton à ou même donner l’équivalent en argent.

D’ailleurs, le sacrifice par procuration est une pratique qui a le vent en poupe ces dernières années. Elle a d’abord été promulguée par des associations humanitaires pour permettre aux musulmans qui le souhaitent de faire don de leur sacrifice aux plus démunis. Afin de leur permettre de passer un Aïd Al-Adha décent malgré la pauvreté. En plus de la solidarité qui anime les musulmans lors du Aïd Al-Adha, d’autres raisons poussent beaucoup à faire don de leur « Udhiya » (le bête sacrifié).

« A l’heure où certains sacrifient leur mouton sans toujours pouvoir respecter les animaux à qui trop souvent sont maltraités et souffrent. A l’heure du gaspillage de la viande, il est impératif de ne pas se perdre dans les pratiques traditionnelles et de revenir à l’essence du message de l’islam. Se donner les moyens de respecter les animaux et de nourrir les pauvres. Il vaut mieux alors s’abstenir de sacrifier un mouton et d’envoyer une somme d’argent équivalente aux pauvres du monde » Tariq Ramadan

Peut-on faire don de notre mouton ?

En ce qui concerne le fait de mandater quelqu’un pour sacrifier son mouton (sacrifice par procuration), il s’agit d’une pratique approuvée par l’ensemble des spécialistes musulmans.

Quant au don d’argent à la place du sacrifice, il s’agit d’une pratique très répandue et conseillée par beaucoup. Toutefois, sheikh Al-Qardawi par exemple estime que le sacrifice du mouton est plus préférable à un don d’une somme équivalente. Ce pour ne pas perdre cette tradition islamique.

L’argument qui revient très souvent ces dernières années pour donner plus de force au don d’argent est la question des priorités. En effet, porter secours à nos frères et sœurs est une obligation. Tandis que sacrifier un mouton est un acte recommandé. Dans le contexte actuel où beaucoup n’ont pas de toit, ni de quoi se nourrir, certains estiment le don d’argent plus légitime.

S’épargner les fraudes liées à l’abattage en France

D’un point de vue financier, à l’approche de cette fête islamique, les prix des bêtes doublent, et parfois même triplent. D’ailleurs, en Languedoc Roussillon par exemple, les mosquées avaient appelé à boycotter les abattoirs, à ne pas acheter de moutons les années passées du fait des prix excessifs. Et donc à faire un don à la place. Refusant à l’arnaque à des commerçants (les prix étaient passés de 120 € à 280 €).

Mise à part la flambée des prix, des fraudes ont été mises en évidence par des sites d’information musulmans français. Fraudes commises par des enseignes de grande distribution qui proposent des moutons pour le Aïd Al-Adha. Les animaux sont égorgés avant l’heure, alors qu’ils sont censés être égorgés après la prière du Aïd Al-Adha pour être considéré comme sacrifié (NDLR : l’affaire des à faux moutons de l’aïd à Rungis). Ils sont égorgés à la chaîne et non pas nominativement. Des moutons sont commandés bien avant la fête dans des abattoirs à l’étranger (notamment en Irlande). Et ce, sans aucun contrôle.

En l’absence de contrôle, il est impossible d’être assuré d’un abattage du mouton fait dans le respect des règles du sacrifice. Il est normal d’exiger des garanties qui sont pour l’instant le dernier souci de la grande distribution obsédée par le profit conséquent à remporter. Ces fraudes ne font que décrédibiliser le sacrifice en France fait par des structures commerciales. Ainsi la confiance est plus naturellement accordée à des structures humanitaires musulmanes qui proposent de faire le sacrifice à notre place pour en faire don aux plus démunis.

Boycotter le « muslim-bashing »

En plus de se sentir trompé, beaucoup se sentent méprisés et humiliés dans le contexte français actuel. Les politiques et médias n’hésitent pas à faire de l’islam et du musulman leur bouc-émissaire pour exploiter les sentiments islamophobes. Mais lorsqu’il s’agit de profiter du poids des musulmans dans l’économie française, on n’hésite plus à les caresser superficiellement dans le sens du poil. Tout en ne respectant pas leur attente et leur croyance. Et en n’instaurant pas de contrôle, ni même en adaptant l’offre à la demande lors de Aïd Al-Adha. Le nombre d’abattoirs étant largement insuffisant en France.

En 2009, d’après une estimation de l’OABA (œuvre d’Assistance aux bêtes d’Abattoirs), c’était 200 000 ovins et 4 000 bovins achetés à l’occasion de la fête de Al-Adha. Le prix de l’ovin varie entre 150 et 300 euros, soit entre 30 et 60 millions d’euros en trois jours. Ceci représente un grand bol d’air frais pour l’agriculture française qui pâtit de la crise économique.

Voilà un exemple parmi tant d’autres du poids économique que représentent ceux qu’on aime voir comme des sous-citoyens. C’est pourquoi certains espèrent pouvoir élever leur voix, et exiger le respect en boycottant le sacrifice en France. Préférant faire procuration pour un sacrifice à l’étranger qui bénéficiera aux plus démunis.

Ce sont autant d’arguments qui expliquent pourquoi certains préfèrent donner leur mouton ou donner une somme équivalente pour une cause noble et impérative. Le bémol serait qu’à force de ne plus sacrifier, cette tradition puisse se perde. À nous de trouver le juste milieu entre ces différents actes d’adoration. Par exemple en alternant nos pratiques d’année en année. Dans tous les cas, que Dieu accepte les actions de chacun in sha Allah.

0 commentaires

Laissez un commentaire !