Ça s’est passé ce matin pendant l’émission Bourdin Direct de BFM TV. L’intervention très attendue de Tariq Ramadan sur le suivi de son affaire judiciaire s’est soldée par une grande frustration (vidéo en fin d’article).
« Dans le cas de Tariq Ramadan, quand une femme lui dit oui, elle est violée avec son consentement […] C’est comme s’il y avait une définition pour Ramadan. Sans doute pour les Noirs. Sans doute pour les Arabes. Sans doute pour les musulmans » Tariq Ramadan dans l’émission BourdinDirect (vidéo en fin d’article).
Tariq Ramadan, ou le Alfred Dreyfus du 21ème siècle
Ce vendredi 6 septembre à 8h30, nous attendions l’intervention de Tariq Ramadan pour connaître les détails de son affaire. En effet, les accusations de viols reposent sur des mensonges qui ont été prouvés. C’est donc clair, Tariq Ramadan est lavé de toutes les accusations qui lui sont reprochées, et sera jugé en homme libre et innocent.
Sauf que non. Pour Jean-Jacques Bourdin, qui pourtant a accepté de l’inviter dans son émission en toute transparence, cette innocence est inadmissible. Toutes les questions posées, mises en scène dans des monologues, avaient pour but de retourner les propos de Tariq Ramadan. Au point même de les transformer parfois. Après quoi, Tariq Ramadan a eu le malheur dire que son affaire était semblable à celle d’Alfred Dreyfus. Un propos qui lui a valu la consternation de Jean-Jacques Bourdin, et de la twittosphère. Mais pourquoi au juste ?
Tariq Ramadan a raison lorsqu’il dit que le traitement de son affaire est semblable à celle de Dreyfus. Et pour cause, Dreyfus, français juif, a été accusé en 1894 d’espionnage et de trahison sur la base de documents faux et de mensonges. Il a été victime d’un matraquage médiatique pour pourrir l’opinion publique à son sujet. Le tout dans une France particulièrement antisémite (Et oui !). Le parallèle entre les deux affaires est donc très simple à faire. À moins d’être ignorant et de mauvaise foi.
#BourdinDirect la comparaison à l’affaire Dreyfus est logique : condamnation arbitraire sur fond de xénophobie. #TariqRamadan clame son innocence preuves à l’appui sur les accusations de viols, mais le système veut le maintenir coupable. Remettez-vous en question. pic.twitter.com/HBPynZtRyY
— YaBanat Magazine (@YabanatMagazine) 6 septembre 2019
Jean-Jacques Bourdin, ou le dialogue de sourds
Jean-Jacques Bourdin nous a montré en direct ce à quoi les musulmans de France ont affaire quasi-systématiquement. Quels que soient les arguments apportés, ce n’est jamais bon. Ce n’est jamais vrai. Le musulman n’est pas un être humain doué d’humanité. Le musulman est responsable de ce dont il est innocent. Le musulman n’a pas le droit d’être musulman. (Une invitation à aller voir le film Soumaya qui traite justement de cette problématique).
Cette mauvaise foi de la part d’un journaliste qui a fait le choix d’accepter de l’inviter sur son plateau est honteuse. Soit il le laisse parler comme il a laissé tant d’autres parler. Soit il fait son monologue et se regarde dans le miroir toute la durée de son émission. Tariq Ramadan vient pour défendre son innocence. La moindre des choses serait de le laisser donner sa version des faits. Rien n’y fait, Jean-Jacques Bourdin et sa partialité ne pouvait entendre que cet homme puisse être un homme innocent des accusations qui lui sont reprochées.
Enfin, probablement le point le plus écœurant. Non seulement Jean-Jacques Bourdin ne fait pas son travail de journaliste impartial, mais en plus, il se positionne en examinateur de conscience. Peut-être est-il Dieu ? Demandant à Tariq Ramadan si Dieu l’avait puni. Insistant sur le pardon que Tariq Ramadan devrait présenter à des milliers de personnes concernant sa vie privée. En quoi cela nous est pertinent ? La France n’est pas mariée avec lui. Ou encore cette insistance sur l’emprise, là où il y a manipulation. Ou cette insistance sur la violence, là où non seulement il ne semble rien y avoir. Mais même s’il y avait violence consentie dans sa vie privée, en quoi cela nous regarde-t-il ? Le principe de la vie privée, c’est qu’elle est privée.
Cette interview ratée de Jean-Jacques Bourdin est la preuve que Tariq Ramadan est victime comme Alfred Dreyfus de la mauvaise foi de ceux qui ont un pouvoir auprès de l’opinion publique. Leur crime ? Leur appartenance religieuse.