« Pourquoi tu refuses de le laisser marcher pieds nus ? Il y a du parquet au sol, il ne risque pas grand-chose ! ». « Non, je préfère lui mettre des chaussons… » Un peu plus tard dans la journée, je m’étais demandée pourquoi j’insistai pour lui mettre des chaussons. Eh bien, il n’y a pas de raison… C’est juste par habitude…
« Après avoir dégusté un succulent plat au poisson chez son amie, une femme a demandé à suivre de près la préparation. Remarquant que son amie coupe la tête du poisson avant de le mettre à la poêle, elle lui a demandé pourquoi. Mais celle-ci n’en savait trop rien. Elle tenait la recette de sa maman, et l’a toujours vu faire ainsi. Elles contactent la mère, et celle-ci répond à son tour qu’elle n’en sait pas plus. C’est une recette de la grand-mère… Après recherche, cette dernière leur annonce qu’il n’y a aucun secret en cela, et qu’à l’époque, elle avait qu’une petite poêle, d’où la nécessité de couper le poisson… »
Cette histoire, que j’avais lue autrefois m’est revenue en tête ce matin… On se demande rarement pourquoi on fait telle ou telle chose, l’habitude prend souvent le dessus…
C’est fou ce qu’on peut être amené à faire par habitude, et souvent sans même s’en rendre compte : on habitue une personne à être toujours disponible pour elle, et dès qu’on s’excuse une fois, elle le prend comme un manquement à un devoir envers elle. Un bébé habitué à un certain rituel de coucher, peine à trouver le sommeil si on y change quelque chose. L’habitude de toujours terminer son repas avec une note sucrée. De manger lorsqu’on est énervé… Autant de choses qui peuvent nous sembler « banales », mais qui ont une place importante dans notre quotidien et qui façonnent petit à petit notre personnalité et nos relations.
L’habitude renvoi à ce que nous faisons, pensons et disons de façon automatique… On dit qu’il nous faut 21 jours pour changer une mauvaise habitude ou en acquérir une bonne… J’avais essayé de prendre l’habitude de lire un peu chaque jour, avant de me coucher (question de dormir moins bête, comme dit la citation !) et ça semble fonctionner. En tout cas, pour moi. Ma lecture nocturne fêtera bientôt sa première année…
Pendant ma grossesse, j’envisageai déjà ma relation avec ce petit être. Je voulais être prête ! Je me suis donc procurée beaucoup de livres qui traitent la question de l’éducation et j’étais bien servie. Il y a de plus en plus de spécialistes évoquant de nouvelles approches et une nouvelle façon de repenser nos rapports avec les enfants. Je fais de mon mieux pour lui offrir un environnement propice à son développement. J’essaie de le considérer comme une personne à part entière. De l’accompagner dans ses découvertes quotidiennes, et d’être patiente et calme… Mais cela n’empêche que j’adopte, de temps à autre, des réactions non réfléchies (les fameuses habitudes). Elles sont probablement dues à l’éducation qu’on a nous-même reçue. Ou à ces habitudes observées dans notre environnement, ou simplement par flemme de faire « autrement ». On choisit ce qui nous arrange le plus …
On a souvent tendance à reproduire, avec nos enfants, la même éducation qu’on a reçue (peut-être avec ses + et -). Et avec le rythme des journées, on s’arrête rarement pour se demander pourquoi nous faisons ce que nous faisons. Y a-t-il du sens dans l’acte accompli ? Ou est-ce juste une répétition qui nous épargne l’effort de chercher à faire mieux, ou au moins différemment ? Lorsqu’on prend conscience de l’habitude, on se détache d’une partie de son emprise. On commence à réfléchir s’il fallait ou non la maintenir. Mais je pense que le plus gros problème, c’est lorsqu’on ne se rend pas compte de toutes ces choses qui rythment nos journées et qu’on ne se sent pas bien sans vraiment savoir pourquoi…
Quand on s’habitue à critiquer continuellement son enfant, on lui fait perdre confiance en lui. Lorsqu’on choisit de ne pas prendre d’initiatives parce qu’on s’est habitué à la routine, on s’autorise à régresser au lieu d’avancer. Quand on refuse de mettre fin à une relation qui fait souffrir parce qu’on s’est habitué à la présence de l’autre, on accepte de passer à côté de sa vie… Nos habitudes d’aujourd’hui nous semblent peut-être banales, mais leur impact se fera sûrement ressentir sur notre vie future… Tôt ou tard.
PS : dorénavant, je le laisserai s’amuser à la maison sans chaussons…