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Écologie et religion, principes opposés ?

Par Ayah

Le 18 avril 2016

Rubrique Consommation

Comme chez YaBanat, l’écologie c’est fondamental, nous avons décidé de nous rendre à la 3ème édition du forum du vivr’ensemble qui avait pour thème : « l’environnement, un enjeu politique et religieux ? ». Une manière de trouver des réponses à notre question : « Écologie et religion, principes opposés ? »

« En vérité, nous avons proposé le dépôt de la foi aux Cieux, à la Terre et aux montagnes, mais tous refusèrent d’en assumer la responsabilité et en furent effrayés. Alors que l’homme, par comble d’ignorance et d’iniquité, s’en est chargé » Sourate 33  Al-Ahzab ; verset 72.

1ère table ronde : état des lieux de l’écologie made in France

La France mauvaise en terme d’écologie

On a découvert, plus ou moins sans surprise, que la France est mauvaise élève en matière d’écologie. La France a une difficulté à retranscrire les lois européennes en matière d’environnement sur son territoire. La faute à qui ? Aux lobbys, dont le poids en France est phénoménal.

Patrice Costa, journaliste, dénonce d’ailleurs : « S’il n’y avait pas le poids des lobbys en France, ça irait beaucoup mieux ». Ces derniers, pour des raisons purement économiques, privent la nature de ses droits. Ce qui amène naturellement à la question de l’utilisation massive des énergies fossiles. Et à celle de la production de produits et déchets néfastes pour l’environnement. Geneviève Férone Creuzet, vice-présidente de la fondation Nicolas Hulot, affirme qu’il faut trouver le moyen de concilier l’économie de l’homme et l’environnement.

De son côté, Jochen Sohnle, professeur de droit, dit que la politique doit être régulée par des lois qui reconnaissent la nature comme une personne et non un objet. Ceci permettrait de réellement pouvoir défendre l’intérêt de l’environnement face à ses destructeurs.

Créer des richesses plutôt que des déchets

C’est donc face à une nouvelle problématique que nous nous trouvons : développer une autre société de consommation où l’environnement est l’élément central. Et où la production des déchets est minime, à l’image de la nature qui n’en produit pas. Sur ce point, Jean-Philippe Cieslak, fondateur du mouvement colibris, affirme qu’il faut changer de paradigme. Afin de développer une société qui crée des ressources en s’adaptant à la nature. Et non en créant des déchets.

Et ce, même si face aux lobbys, nous sommes en droit de nous questionner sur le pouvoir réel de la politique en matière d’écologie. Les collectivités territoriales (et les associations) semblent jouer un rôle important à ce niveau-là. Elles accompagnent les citoyens dans une démarche de sensibilisation, et mènent des actions concrètes.

Il ressort donc de cette 1ère table ronde, que l’homme a perdu son lien avec la nature. Patrice Costa, souligne d’ailleurs le fait que nous en sommes à un point où les conservatoires d’espaces naturels doivent acheter des hectares de prairie pour les préserver. En effet, c’est l’équivalent d’un département Français qui disparaît tous les 7 ans sous le béton (moins depuis la crise). Il est donc impératif que l’homme se remette en question. Comme l’a dit Jean-Philippe Cieslak : « Le vrai problème c’est nous ».

2ème table ronde : action citoyenne et religieuse pour apporter des solutions

Un changement possible grâce à l’éducation

La solution qui a été citée par la quasi-totalité des intervenants est l’éducation. Avec un focus plus important sur les jeunes qui représentent l’avenir de cette planète. Il y a en effet nécessité d’éduquer les populations à cette problématique. Afin qu’elles y soient plus sensibles, et comprennent leur part de responsabilité.

D’ailleurs, il ressort que c’est finalement le seul moyen de faire barrage aux grands groupes économiques. C’est pourquoi, selon Abdelghani Benali, imam et professeur à Science Po Paris, le respect de l’environnement et le vrai changement ne pourront se faire qu’à coup de matraquages juridiques.

L’apport de la religion

Se pose donc la question de la conscience de cet environnement sous le prisme de la religion. Les différents représentants religieux étaient unanimes. On découvre que dans ce domaine aussi, la France est mauvaise élève. Les croyants ne prêtent pas d’attention à la nature. Ils occultent certains aspects de la foi, dont celui qui concerne le respect de son environnement.

D’une part, dans les textes sacrés, Dieu évoque la nature. Elle n’est donc pas étrangère aux croyants. D’ailleurs, en évoquant le verset 72 de la sourate 33 Al-Ahzab (cité au début de l’article), Abdelghani Benali, souligne le fait que l’homme en a accepté la pleine responsabilité en acceptant le dépôt de foi.

D’autre part, malgré l’évocation de l’environnement dans les textes et récits religieux, notamment à travers les hadiths du Prophète saws qui incitent même à respecter des fourmis, il a un réel problème de conscience. Le monde artificiel et virtuel dans lequel vivent les croyants est devenu le reflet de leur sensibilité.

Il ressort donc de cette 2ème table ronde, qu’il y a une nécessité urgente à amener les communautés religieuses à prendre conscience de cette problématique. L’environnement fait partie intégrante de la foi du croyant. Il est responsable de sa santé, et par conséquent de sa destruction.

Conclusion, en tant que croyants, nous devons maintenir notre lien avec la nature. En tant que citoyens, nous devons repenser notre mode de vie. Il faut, comme l’a dit Samuel Colin, mouvement Alternatiba, créer « un nouveau moi, en faisant plus avec moins. En se portant sur la connaissance et l’intelligence, afin de construire un monde meilleur ».