Nous partageons avec vous les récits de jeunes femmes musulmanes voilées et étudiantes en santé. Maria, Fatima et Sarah, partagent leur expérience et leurs motivations personnelles afin de susciter davantage d’intérêt sur ces professions. Et de faire ressortir le potentiel enfoui en chacune d’entre nous. Elles expliquent comment allier études et foi, et comment les deux se complètent. Le premier mot de la révélation faite au Prophète saws étant « Iqra » (Lis). Ainsi, il est primordial pour tout musulman de s’instruire, autant que faire se peut, tous domaines confondus.
Maria, étudiante Infirmière, 1ère année
Âgée de 19 ans, aînée de deux petits frères, je suis passionnée par mes études. Le parcours n’a pas été simple : après un baccalauréat scientifique, j’ai ensuite passé un an et demi en PACES (première année commune des études de santé). Mais après un échec au concours, je me suis arrêtée en milieu d’année. Je me suis rendue compte que je n’étais pas faite pour de longues études.
En réalité, il faut remonter dans le temps pour savoir ce qui m’a amené ici. Le milieu médical se résumait pour moi aux études de médecine. Je ne pas cherchais pas à connaître les autres professions. J’ai entamé la 1ère année qui est évidemment très dure. J’avais toujours du retard, et surtout du mal avec les nouveaux termes médicaux. Je sortais tout juste du lycée, c’était un nouveau monde.
J’ai retenté le concours de la PACES une seconde fois, car j’avais espoir. Mais je commençais déjà à me poser des questions sur celui-ci. J’ai ensuite abandonné en milieu d’année, j’étais perdue. J’ai alors effectué des recherches sur les différents métiers et études possible. Je me suis intéressée aux études en biologie cellulaire, mais le côté relationnel et technique y était à mes yeux trop peu présents.
Un jour, en me baladant avec quelques amies, une d’entre elles était étudiante infirmière. Elle a partagé quelques anecdotes. Je me suis alors remise en question, pourquoi n’ai-je jamais pensé à cette profession ? Je me suis inscrite, j’ai fait mes recherches sur cette profession et je me suis rendue compte que c’était fait pour moi. Pouvoir passer du temps avec les patients, exercer dans différents services, apprendre les côtés techniques et relationnels, ainsi qu’une organisation des études assez stimulante(nombreux stages).
Aujourd’hui, je ne regrette guère d’avoir emprunté cette voie, ni même celle de la PACES, car c’est une expérience unique où l’on apprend l’endurance, la patience, les méthodes de travail et énormément d’autres choses. Actuellement, je me prépare pour un stage en Post-urgences, et j’ai vraiment hâte d’y être !
Ce qui me motive dans cette profession est qu’il s’agit d’un métier de terrain où l’on doit être présent corps et âme, en étant responsable de chaque acte que l’on effectue. Je suis persuadée que c’est l’un des plus beaux métiers. Un métier noble, humain où l’on se sent serviable, où l’on se sent utile. C’est un métier qui procure beaucoup d’émotions et nous oblige à nous remettre en question. Du point de vue religieux, cela me fait réfléchir et méditer sur la création humaine et sur mon rôle sur Terre. L’impact est très positif.
Cette profession me permet de venir en aide de mon prochain, de remercier Allah azzawajal pour les grands bienfaits que l’on possède, de visiter les malades, et surtout de m’améliorer au quotidien vis-à-vis du monde qui m’entoure.
Fatima, étudiante Sage-femme, 2 ème année
Je suis l’aînée de cinq petits frères et une petite sœur, et je viens de débuter mes études à l’École Universitaire de Maïeutique de Marseille Méditerranée ( EU3M).
Après deux années d’études en PACES, j’ai pu valider le concours et intégrer la filière médicale « maïeutique » bien qu’initialement, je m’étais lancée dans ces études en vue de devenir médecin. Ayant toujours rêvé d’avoir une carrière dans l’obstétrique, je me suis intéressée à la profession de sage-femme. Et aujourd’hui, je dois vous avouer que ce métier me passionne. Il me reste encore tant de choses à apprendre. Cependant, l’intérêt que je porte à mes études me donnent davantage envie d’aller de l’avant.
C’est une profession médicale qui permet d’être autonome et polyvalente. D’être présente dès les premiers instants de la vie d’un petit être, d’accompagner une femme dans la transition vers le rôle de « mère », et de partager des moments uniques et forts en émotions. La foi en est fortifiée au quotidien, car une « simple naissance » représente aux yeux de tout croyant un miracle du Créateur. Ceci pousse à la réflexion constamment et me permet d’améliorer mes connaissances tant sur le plan médical que religieux. Avoir des vies entre ses mains, est une responsabilité qui repose sur toute sage-femme. Non pas une vie, mais deux : celle de la mère ET celle de son enfant.
Ainsi, j’apprends chaque jour ce qui, au bout de ces 5 années d’études, sera mon métier et ce qui fera de moi, cette sage-femme dont, je l’espère, les parents garderont un bon souvenir. Durant neuf mois, le fait de pouvoir prendre en charge toute une grossesse, de son début à sa fin est pour moi un privilège. Tout comme celui d’être la première personne à tenir un petit être tout « neuf » entre mes mains. Se lever le matin en se disant qu’on est aux premières loges du point de départ de nombreuses vies est enrichissant. Ne dit-on pas : « Faites un travail qui vous plaît et vous n’aurez jamais à travailler de votre vie » ? Et bien, nous y sommes !
De plus, c’est un métier entièrement dédié à la santé de la femme. Ce qui me permet d’être plus à l’aise vis-à-vis de mon voile lorsque je suis amenée à le retirer (lors de stages).
C’est un métier magnifique que je suis fière de pouvoir apprendre. Je remercie Allah swt pour ce bienfait, et j’espère que malgré la difficulté des études, beaucoup suivront cette voie. Il n’existe pas de voie simple, il faut souvent se battre pour atteindre ses objectifs et avec l’aide de Dieu, on y parvient.
Sarah, étudiante en Médecine, 3 ème année
Âgée de 20 ans, je suis née à Marseille dans une grande famille de six grands enfants. Aujourd’hui si j’étudie, c’est pour mieux croire en mon Seigneur, raisonnant sur la magnificence de sa création, la comprendre du mieux que je peux. Et si je crois, c’est pour persévérer dans mes études, et apprendre encore et encore. La raison et le spirituel sont indissociables dans le monde qu’est le mien.
La santé est le plus beau trésor qui nous a été offert. Ne dit-on pas que « La santé est une couronne sur la tête des bien portants que seuls les malades peuvent voir » ? De plus, en tant que musulmane, je ne peux manquer de rappeler cette parole du Prophète Muhammad saws dans laquelle il dit : « Après la foi, personne n’a jamais reçu de grâce meilleure que la santé ». Ce devoir de tout faire pour préserver cette chose sacrée qu’est la vie doit être une priorité. La religion m’a poussé à entreprendre ce rêve de devenir médecin. Que l’on soit croyant ou pas, soigner son prochain et soulager ses douleurs sont des actions d’une grande noblesse.
Ainsi, depuis l’âge de 9 ans j’étais convaincue : je devais tout faire pour réussir. J’ai été dans une école, un collège et un lycée public en zone dite « sensible ». Donc peu importe où l’on étudie si on veut apprendre, on apprend. Et renvoyer la faute sur les autres n’est jamais la solution.
Un baccalauréat avec mention en poche, et me voilà jetée dans l’arène de la PACES. Difficile, effectivement. Certains réussissent du premier coup et d’autres comme moi en deux fois. Mais ma famille et mes amis étaient là pour m’encourager. Il fallait se montrer patiente et avoir foi en Dieu, car la crainte de ne pas réussir qui resurgit dans les moments de stress et d’angoisse est une chose difficile à gérer.
Me voilà aujourd’hui en troisième année de Médecine. Ce qui m’a poussé entre autre à y arriver c’est cette chose, à l’origine de tant de débats inutiles : mon voile. Malheureusement, il est devenu assez difficile pour une femme voilée de travailler. Mais mon voile ne m’a jamais empêchée de faire ce que je voulais et d’atteindre mes objectifs. Donc il ne faut pas se dire que le voile est un obstacle pour étudier. Durant ma deuxième année de médecine, à chaque fois que j’avais un nouveau stage je me demandais toujours comment est-ce que je devais m’habiller, et comment porter mon foulard ? Cette année, je ne me pose pas la question, j’y vais et on verra bien.
Pour revenir à mes études, j’aimerai m’orienter vers la gynécologie obstétrique, car c’est vraiment une branche très intéressante, et où l’on est très actif. Néanmoins des tas de spécialités sont fascinantes. La médecine est un domaine tellement vaste qu’une vie ne suffirait pas pour tout savoir. Donc les filles, si le domaine médical vous tente surtout n’hésitez pas ! Foncez !
Croyez en vos rêves, ne laissez personne vous barrer la route. Vous êtes les meilleures et le mieux c’est qu’avec une bonne intention Dieu ne vous laissera jamais tomber. Et si cela met du temps, la patience vous rendra plus forte et au final je suis certaine que le résultat sera grandiose.
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