Derrière chaque grande femme se cache un homme…. Oups… rebelote : derrière chaque grand homme, se cache une femme, voilà plutôt à quoi ressemble le vrai proverbe. Mais comme l’a si bien dit Voltaire, un proverbe n’est pas une raison. Parce que dans la cour des Grands, il y a aussi des Grandes. Notamment ces femmes qui gouvernent différents états de ce monde. Mais elles ne sont pas nombreuses : sans compter les reines n’ayant qu’un pouvoir symbolique. Environ 9 % des pays ont à leur tête une femme.
Elles sont à ce jour au nombre de dix-huit : huit présidentes et dix premières ministres. Loin des clichés occidentaux, pratiquement deux tiers des pays en question sont des pays en voie de développement. L’un d’entre eux est un pays islamique, deux sont à majorité musulmane. Notons aussi que la France, comme les États-Unis, n’a jamais eu à sa tête une femme. Beaucoup, parmi ces femmes chefs d’État, suivent les traces de leurs prédécesseurs qui ont ouvert le bal des « dames de fer » chef d’État, comme Margaret Thatcher.
Histoire de femmes politiques
Plus d’une cinquantaine de femmes ont dirigé un pays depuis le début du XXe siècle. La plus emblématique serait Margaret Thatcher. Cette « Iron Lady » a marqué les esprits, que ce soit de façon très négative ou très positive. Elle a eu une longévité qui serait enviée par n’importe quel chef d’État élu démocratiquement. Elle est tout de même restée plus de onze ans au Downing Street, là où vivent les premiers ministres britanniques.
Cette femme, « Aux yeux de Caligula et à la bouche de Marilyn » comme le disait François Mitterrand, avait ce qu’on appellerait un caractère de cochon : intransigeante, inflexible, indomptable. Beaucoup la haïssaient, mais personne ne pourrait nier qu’elle a changé la face du Royaume-Uni. Elle est considérée comme celle ayant ‘‘ouvert la voie des femmes en politique’’. Mais en réalité, elle n’est que la première femme moderne à être à la tête d’un état européen.
Plusieurs femmes avant elle ont dirigé un État. Notamment Indira Gandhi qui a été à deux reprises Première ministre indienne. Quant à Sirimanova Bandranaike, elle a été Première Ministre du Sri Lanka à trois reprises à partir de 1960. Ces deux femmes ont d’ailleurs été les deux premières femmes au monde à être élue démocratiquement à la tête d’un État.
La troisième est Golda Meïr, qui sera en 1969 Première ministre d’Israël. On la surnommera d’ailleurs, avant Thatcher, la « dame de fer », ou encore, « meilleur homme du gouvernement ». Une autre grande femme dont on a énormément parlé et qui a eu un parcours hors du commun est Benazir Bhutto, qui a été deux fois première ministre du Pakistan. Elle a été la première femme à être élue démocratiquement et chef de gouvernement dans l’histoire contemporaine du monde musulman. Elle a été assassinée en décembre 2007 lors de sa campagne pour les élections législatives.
Actuellement, ce sont dix-huit femmes qui dirigent un État. Il y a parmi elles des profils qui font beaucoup parler.
Huit présidentes
Quatre pays ayant à la tête une présidente sont des pays d’Amérique latine : le Brésil, la sixième économie mondiale avec Dilma Roussef. Deuxième femme la plus puissante au monde. L’Argentine avec Cristina de Kirchner, élue et réélue dès le premier tour. Elle est celle dont la longévité a su surprendre Barack Obama qui a dit à notre ancien président : ‘‘Nicolas, nous allons devoir prendre des leçons’’. Ensuite le Costa Rica avec la très conservatrice Laura Chinchilla Miranda, élue après une très longue succession d’homme. Et enfin le Chili avec Michelle Bachelet, élue le 15 décembre 2013 après un duel féminin, comme il en existe pratiquement jamais. L’Amérique du Sud apparaît comme la région la plus propice à l’exercice du pouvoir par une femme.
Du côté des pays d’Afrique, Ellen Johnson Sirleaf, prix Nobel de la paix 2011 et Joyce Banda sont les deux présidentes du Libéria et du Malawi. La seconde ne fait que remplacer un ancien président décédé. Ellen Johnson Sirleaf a, quant à elle, été élue puis réélue au suffrage universel, la première d’Afrique d’ailleurs.
En Europe, ce sont le Kosovo et la Lituanie qui sont dirigés par une présidente. Dalia Grybauskaité a d’ailleurs été élue à la tête de la Lituanie en 2009 dès le 1er tour avec 69 % des voix, en étant indépendante de tout parti politique. L’une des premières grandes mesures qu’elle a pris en commençant son mandat a été de diminuer son salaire de moitié. Rappelons que notre ancien président avait quant à lui plus que doublé son salaire en 2007.
10 Premières Ministres
Toujours en Europe, nous avons la femme la plus puissante du monde et qui plus est en 5e place du top 10 des personnalités les plus puissantes. La fameuse Angela Merkel, chancelière de la République Fédérale d’Allemagne, dite ‘‘mère de l’Europe’’. Comme Margareth Thatcher, les avis divergents à son propos. Tantôt certains la détestent pour les réformes et l’austérité dans laquelle elle pousse l’Europe. Tantôt d’autres l’admirent pour son charisme et son intransigeance. On la surnomme « la nouvelle dame de fer », ou encore « la dame d’acier ». Elle a été élue en 2005, puis réélue en 2009, et encore réélue en septembre 2013, ce qui promet une belle longévité.
L’Allemagne, la Slovénie, la Norvège, la République de San Marin et le Danemark comptent aussi une première ministre à la tête du gouvernement. Ailleurs, en Asie, le Bengladesh, qui est un pays islamique, a à sa tête Sheikha Hasin Wajed, élue en 2009. La Corée du Sud a aussi sa dame de fer coréenne : Park Geun-Hye depuis février 2013.
En Thaïlande, c’est la belle et très controversée Yingluck Shinawatra qui a été élue en août 2011. D’ailleurs, au mois de décembre, quelques jours après le début des manifestations d’opposants réclamant la chute du gouvernement (mis en place démocratiquement), le gouvernement de Yingluck Shinawatra décide de stopper toute répression et d’ouvrir les portes du siège du gouvernement ainsi que du quartier général de la police de Bangkok. Ce qui s’est finit par des scènes d’embrassades où les policiers ont offert des roses aux manifestants.
Enfin, de l’autre côté de l’Atlantique, nous avons la Jamaïque et la République de Trinité-et-Tobago qui ont à leur tête une femme première ministre. Il est d’ailleurs intéressant de noter que ce n’est pas dans les pays où il y a le plus d’égalité entre les sexes qu’il y a le plus de femmes atteignant les plus hautes responsabilités.
Et la France dans tout cela ?
En France, comme aux États-Unis, nous n’avons jamais eu de présidente. Il y a eu une Première ministre, Edith Cresson, mais qui détient le triste record du mandat le plus court de la Ve République. On a bien failli avoir une présidente en 2007 avec Ségolène Royale. Ce qui a d’ailleurs engendré des critiques machistes comme celles de Laurent Fabius qui dit après l’annonce de la candidature de Ségolène Royal : « Mais qui va garder les enfants ? ».
Pourquoi si peu de femmes au pouvoir ?
Tout d’abord, il faudrait peut-être se demander comment se fait-il que les pays en voie de développement soient plus enclins à avoir une femme au pouvoir. On le voit notamment avec les pays d’Amérique Latine. Ce serait du fait de la démographie des pays en développement qui comptent énormément de jeunes. Ainsi, en voyant que là où la jeunesse est plus importante, il y a plus de chance d’avoir une femme à la tête, on pourrait comprendre que les populations ‘‘vieillissantes’’ seraient moins enclines à accepter qu’une femme dirige. Ce qui est de l’ordre des mentalités qui changent au fil des générations.
Plusieurs autres raisons pourraient expliquer le peu de femmes aux postes de gouvernance. Cela peut être dû au fait que les femmes seraient moins attirées par la puissance et le pouvoir que les hommes qui en revanche, aiment se battre et lutter pour diriger. De plus, il reste souvent et encore dans nos esprits l’idée que la lutte pour le pouvoir est masculine, nécessitant de la virilité. Bien qu’on ne peut pas nier qu’il y a encore beaucoup d’hommes qui ne se voient pas être dirigés par une femme.
Enfin, la famille peut aussi être un frein à la carrière politique des femmes qui, pour beaucoup ne sont pas prêtes à accorder le temps nécessaire pour arriver au sommet au détriment de leur ménage.
Il y a dans le monde une évolution positive dans l’accès des femmes au pouvoir. Leur nombre atteignant de hautes responsabilités augmente et cela deviendra peut-être avec le temps une normale et non plus une exception. Ce qui est certain, c’est qu’une femme peut très bien parvenir à réaliser ce que beaucoup d’hommes ne pourraient pas faire. Et que les noms de beaucoup de femmes resteront gravés dans l’histoire comme étant des personnes exceptionnelles, autant que certains hommes.