La gourmandise, ce mot si agréable à l’oreille. Et pourtant si néfaste à notre corps. Un plaisir des yeux et des fantasmes alimentaires qui résultent sur des regrets visibles sur notre corps. Alors comment y remédier ?
« […] Mangez et buvez en évitant tout excès ! Dieu n’aime pas les outranciers. » SOURATE 7 LES MURAILLES ; VERSET 31.
Qu’est-ce que la gourmandise ?
Alphonse Daudet a dit : « La gourmandise commence quand on n’a plus faim ». C’est en effet le cas, puisque une fois le seuil de satiété dépassé la consommation se fait alors de façon anarchique. Elle ne répond plus à un besoin, mais à une envie. D’ailleurs, le mot « gourmandise » avait été remplacé pendant un temps par le terme : « gloutonnerie ». Un mot qui raisonne de façon beaucoup plus réaliste !
C’est pourquoi le Prophète saws a dit : « L’homme ne remplit pas d’excipient plus mauvais que son ventre. Le fils d’Adam devrait se contenter de quelques bouchées suffisantes pour le maintenir debout. Sinon qu’il réserve un tiers pour sa nourriture, un tiers pour sa boisson et un tiers pour sa respiration » Rapporté par At-Tirmidhi.
Le droit de notre corps
Le Prophète saws a dit : « […] et ton corps a un droit sur toi […] » Rapporté par Al-Bukhari. Nous devons comprendre que notre être est un ensemble de composantes bien distinctes. D’ailleurs, le jour de la résurrection, nos membres auront la parole, en notre faveur ou contre nous. Alors, bien que notre âme et notre esprit soient le centre de pilotage de ce système, nous avons souvent tendance à imposer une dictature à cet ensemble. Ceci à cause de nos désirs et de nos passions qui obstruent les voies de la compréhension de notre corps.
Pourtant, lui aussi a son mot à dire. Notamment concernant la fatigue, le manque d’activité, les excès alimentaires ou la sous-alimentation volontaire (anorexie) et bien d’autres abus en tous genres. Des abus que nous pourrions comprendre si nous étions plus à l’écoute de notre corps. À l’image d’un gouverneur juste et ferme qui est au service de son peuple, nous devons écouter notre corps pour le diriger avec fermeté et justesse. Nous devons répondre à ses besoins, et non à nos envies.
Ce corps est une preuve de la part d’Allah swt, comme tout ce qui a été mis à notre disposition sur cette terre. Nous devons en prendre soin, car il n’est en rien acquis. C’est simplement un moyen pour notre âme d’avoir une apparence et un sens.
Le Prophète saws a dit : « Nous sommes un peuple qui ne mange que lorsqu’il a faim. Et lorsque nous mangeons, nous ne le faisons jamais à satiété » rapporté par Abu Houreyra.
Comment avoir la force de maîtriser sa gourmandise ?
- Craindre le jour de la résurrection. Ce jour, sera un jour où personne de ce monde ne pourra arriver sûr de lui. N’alourdissons pas nos comptes avec des choses qui auraient pu être évitées relativement facilement. Le Prophète saws a dit : « Plus les personnes mangent des biens de ce monde, plus elles auront faim le jour de la résurrection » rapporté par Ibn Abi ad-Dounya qui a ajouté : « c’est pourquoi Abou Djouhayfa ne s’était jamais rassasié jusqu’à sa mort » authentifié par al-Albani.
- Avant de commencer à boire ou à manger, toujours dire « Bismillah » avec la ferme intention de se maîtriser et de bloquer satan dans les faiblesses qu’il insuffle à notre âme. Si nous oublions, mais que à la fin du repas nous nous en souvenons alors il faut dire : « Bismillah bi awalihi w bi akhirihi » (bismillah depuis son commencement jusqu’à sa fin).
- Manger le plus lentement possible pour laisser le temps à l’estomac de bien ingérer ce qu’on lui donne. C’est le moyen de sentir clairement le moment où nous avons atteint notre niveau de satiété. À partir de ce moment-là, si nous continuons à manger, nous sommes dans l’excès.
- Tirer profit des fruits de notre modération. Ibn Taimiya a dit : « Ceux qui montrent de la modération dans la nourriture, trouvent un plaisir plus grand dans leurs aliments que ceux qui en abusent. Quand ils deviennent dépendants et habitués à leurs gâteries, ils n’y trouvent plus aucun grand plaisir. Alors ils peuvent souffrir du manque quand elles ne sont pas disponibles, et avoir une mauvaise santé à cause de celles-ci ».
- Ne pas dépasser le niveau de satiété même si l’envie est là. Il s’agit d’un combat psychologique contre soi-même pour comprendre pourquoi et pour qui il faut s’arrêter. Et surtout quelles sont les conséquences en cas d’abus. Car les conséquences sont triples : physique, psychique, et spirituelle. Les meilleurs soins médicaux sont ceux que nous effectuons en prévention grâce à une bonne alimentation.
La juste mesure dans la vie
Omar ibn Khattab a dit : « Au nom d’Allah, si je le voulais, je pourrais être celui d’entre vous qui porte les meilleurs habits, celui qui consomme la meilleure nourriture et mène la vie la plus aisée. Mais j’ai entendu Allah s’en prendre à des gens pour un comportement qu’ils avaient adopté : « Vous avez gaspillé vos dons les plus précieux en votre vie terrestre, et en avez joui pleinement. Aujourd’hui, subissez donc ce supplice infamant en punition de l’orgueil dont vous vous enfliez injustement et des excès auxquels vous vous êtes livrés sur terre » (Sourate 46 Al-Ahqaf ; verset 20) ».
Alors pour conclure, il est important de comprendre que sans la maîtrise de son alimentation, les régimes ne sont d’aucune utilité. Tout est une question de façon de manger, et de quantité ingérée. Comme le calife Ali (radia Allahou 3anhou) a dit : « celui qui économise son alimentation, économisera ses souffrances ».