L’islam ordonne au peuple musulman d’avoir un gouverneur pour sa communauté (état ou nation). Celui-ci doit être choisi selon des conditions islamiques strictes pour éviter une possible déviation. Mais comment sommes-nous arrivés à collectionner des gouverneurs corrompus dans les pays musulmans ?
Un jour, Omar ibn Khattab (le deuxième calife) a dit à son peuple : « Si vous me trouvez une erreur, corrigez-moi ». Quelqu’un lui a répondu : « Par Allah, si nous voyons une erreur en toi, nous te corrigerons avec nos épées ». Omar a répondu : « Louange à Allah qui a créé au sein de la nation de Muhammad une personne qui corrigera Omar s’il commet une erreur »
Un gouverneur choisi pour ses qualités
Allah swt dit dans le coran : « Croyants, obéissez à Dieu, obéissez au Prophète et à ceux d’entre vous qui détiennent le pouvoir […] à sourate 4 Al-Nisa (les femmes), verset 59. D’après Anas ibn Malik, le Prophète saws a dit au sujet de l’obéissance à un gouverneur : « Le musulman obéit à son gouverneur élu même s’il s’agit d’un esclave d’Ethiopie » rapporté par Bukhari.
Le premier gouverneur en islam a été le Prophète Muhammad saws. Allah swt l’a choisi et en a parlé en de très bons termes dans le coran. Il a dit dans le coran : « Et tu es doué d’un caractère élevé » sourate 68 Al-Qalam (la plume), verset 4. Avant la prophétie, il était connu à Mecca sous le nom de « el sadiq el amin » (l’homme droit et honnête). Il était apprécié de tout le monde. Tous avaient confiance en lui. Ils avaient beaucoup d’estime pour lui et d’admiration pour ses qualités. C’est naturellement qu’il est devenu le leader et le gouverneur de cette nouvelle nation après sa venue à Al-Médine, où il a établi des règles de justices sociales, économiques, politiques et de coexistence, ainsi que d’autres règles liées à la vie des musulmans.
Ainsi, le gouverneur en islam doit avoir des qualités remarquables, calquées sur celles du Prophète saws. Allah swt a précisé dans le coran : « Vous avez, dans le Prophète de Dieu, un si bel exemple pour celui qui espère en Dieu et au Jugement dernier, et qui évoque souvent le Nom du Seigneur » sourate 33 Al-Ahzab, verset 21. Deuxièmement, il doit être élu par le peuple.
L’obligation de s’en tenir à la sunna du Prophète Muhammad saws
Les proches compagnons du Prophète saws, Abu-Bakar, Omar Ibn-Khattab, Othman et Ali, ont gouverné après lui sous ce qui a été nommé « Al-Kholafa Arrashidoun » (Les califes bien guidés). Ils ont suivi ses enseignements et ses méthodes pour gouverner cette nation islamique en pleine expansion. Ils n’ont jamais prêté attention à l’aspect matériel que leur offrait ce statut. Ces quatre califes s’habillaient comme n’importe quel homme de Médine. Ils étaient des habitants du peuple. Ils ont été choisis grâce à leurs grandes qualités et le temps passé à apprendre aux côtés du Prophète saws.
Le peuple doit obéissance à son gouverneur tant que celui-ci suit les enseignements du Prophète saws. Un jour, Omar ibn Khattab (le deuxième calife) a dit à son peuple : « Si vous me trouvez une erreur, corrigez-moi ! » Quelqu’un lui a répondu : « Par Allah, si nous voyons une erreur en toi, nous te corrigerons avec nos épées ». Omar a répondu : « Louange à Allah qui a créé au sein de la nation de Muhammad une personne qui corrigera Omar s’il commet une erreur ».
Des califes bien-guidés à la dynastie des Omeyyades
Mais comment tout a dévié de la sorte, après le Prophète et les quatre califes qui l’ont suivi à L’origine de cette anarchie a débuté avec le troisième calife Othman, alors un vieil homme très pieux. Il a demandé à un de ses cousins de Bany Ommaya de l’aider à gouverner. Cet homme véreux, a réussi à placer des membres de sa famille sur de hautes fonctions dans l’état. Ce qui a provoqué beaucoup de problèmes au calife. Le peuple a fini par se révolter et Othman s’est fait trancher la gorge injustement alors qu’il lisait le coran.
Tous ceux qui ont obtenu un statut à travers ce cousin, au prix de la trahison, se sont créés des monarchies. Moa3aweyah ben Abi Soufyan, à Damas, a particulièrement réussi. Il a d’ailleurs refusé d’accorder son obéissance au quatrième calife Ali, cousin et gendre du Prophète saws. Il a même déclaré une guerre contre lui où des milliers de musulmans ont trouvé la mort. Moa3aweyah s’est déclaré prince des croyants par la force et la trahison. Il a tué le premier fils de Ali qui avait passé un traité de paix avec lui. À partir de là, il a mis en place la dynastie des Omeyyades qui a duré environ un siècle.
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Empire musulman depuis le Prophète Muhammad saws, en passant par les 4 califes bien-guidés, aux Omeyyades (source : Ducksters).
Des Omeyyades aux Abbassides
Après la dynastie des Omeyyades est venue la dynastie des Abbassides. Ils ont tué beaucoup de leurs cousins pour monopoliser le pouvoir sur l’état pendant des siècles. Ils se transmettaient le pouvoir de père en fils en privant les légitimes héritiers du trône. Parmi les Abbassides, il y a eu de bons et justes gouverneurs. Mais nombreux ont fini par mal tourner, attirés par les plaisirs et les richesses d’ici-bas. Ils avaient oublié la loi d’Allah swt, l’héritage du Prophète Muhammad saws et même les règles les plus simples de l’islam. À un point où les Tatars venus pour envahir l’état, ont pu facilement occuper Bagdad.
Le Prophète saws est venu et a triomphé. Il a laissé derrière lui quatre hommes pieux pour assurer la relève. Le troisième calife n’a pas eu le temps de terminer son califat que la corruption s’était déjà bien répandue. Mais alors, comment les gouverneurs se permettent de changer les règles imposées par Allah swt et expliqu’es par le Prophète saws ?
Des gouverneurs bien guidés, puis finalement égarés …
Au départ, les hommes prétendaient appliquer les règles islamiques, alors qu’en réalité, ils les appliquaient tant qu’elles servaient leurs intérêts. Quand certaines règles se heurtaient à leurs intérêts, ils demandaient à des 3olamas (homme de religion) de leur produire une fatwa pour légitimer leurs désirs. De cette manière, ils rendaient « acceptables » leurs règles aux yeux du peuple.
Beaucoup de 3olamas, appelés « 3olamas du sultan » étaient et sont la cause de la majorité des problèmes du monde islamique de nos jours. Pour une poignée d’argent, ils vendaient tous leurs principes religieux. Ce qui a eu pour conséquence de déformer la compréhension des lois islamiques dans la vie des musulmans.
Dans l’islam, les vrais 3olamas sont les premiers chargés d’observer, guider et corriger les comportements de n’importe quel gouverneur sans peur ni tricherie. Ils ne doivent se rabaisser pour personne si ce n’est pour Allah swt. Il y a beaucoup d’exemples de grands 3olamas. Au Caire, au début du 19 ème siècle quand Muhammad Ali Pacha est devenu le gouverneur de l’Egypte, il a été faire une visite à la mosquée Al-Azhar. Tout le monde s’est levé pour l’accueillir sauf un. Abdurrzaq Al-Halaby un 3alem (savant) de Syrie, qui était assis par terre les jambes tendues au milieu des autres étudiants.
Quand le gouverneur est venu devant lui, il est resté dans sa position. Le gouverneur très en colère de cette humiliation a décidé qu’il se vengerait. Quand il est arrivé dans son palais, il a envoyé un de ses domestiques avec un sac de 1000 pièces d’or comme cadeau. Une fois sur place le domestique a dit au 3alem : « C’est un cadeau du gouverneur, il a admiré votre manière d’enseigner ». Il lui a répondu : « Dis à ton maître que celui qui avait les jambes tendues ne tendra pas son bras ». Signifiant que ni le pouvoir ni l’argent n’achèteront sa foi.
Le gouverneur musulman des temps modernes
Durant les derniers siècles, particulièrement après la perte de l’Andalousie, le monde islamique a été exposé à des phases dangereuses. Beaucoup de pays ont été attaqués et occupés par les forces impériales chrétiennes. Ce nouveau rapport de force entre la puissance chrétienne et la faiblesse musulmane, a obligé le peuple à suivre les nouvelles règles et les lois imposées par l’occident.
Certains, si ce n’est tous les gouvernements du monde islamique ont été modifiés. Ils ont été obligés d’appliquer la politique occidentale sous la pression des forces impériales de l’extérieur. Et au cœur du gouvernement les 3olamas du sultan continuaient de corrompre le peu d’islam qui restait. Indirectement, ils facilitaient le changement en faveur des occupants chrétiens.
On découvre donc assez tristement que la majorité des gouverneurs dans le monde musulman ont eu recours à des coups d’état où ils n’hésitaient pas à tuer le gouverneur en place. Des gouverneurs qui étaient membres de leur propre famille comme leurs frères, et leurs pères. Ils utilisaient des 3olamas corrompus pour justifier leurs actes avec des fatwas. Aujourd’hui, plus de quatorze siècles plus tard après tant de mensonges, de corruptions, de modifications, on se demande comment la oumma retrouvera son sens de la justice…
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