Souvent, notre regard la fuit, ne voulant pas martyriser notre âme. Pourtant, la pauvreté existe bien. Elle est visible, sous nos yeux, au coin de notre rue, ou dans notre propre entourage.
La pauvreté en quelques chiffres
Elle touche de nombreuses personnes en France, en situation précaire, n’ayant pas assez pour boucler les fins de mois, éduquer leurs enfants ou même se loger ou se nourrir. Français ou étrangers, âgés ou plus jeunes, certains d’entre eux se trouvent parfois dans des situations très critiques. Notamment lors de périodes d’intenses chaleurs ou de grand froid, mettant ainsi leur vie en danger. Le rapport annuel du Secours Catholique publié le 6 novembre 2014 met en avant une « dégradation du lien social » et une intensification de la pauvreté en France.
Il y avait, selon l’Insee, 8,5 à 8,6 millions personnes sous le seuil de pauvreté en France entre 2010 et 2012. Soit 14% de la population, contre 7,4 millions en 2004. Parmi ces personnes, 20% sont des enfants. Bien qu’il y ait eu une très légère diminution de la pauvreté en 2011, c’est « l’intensité de la pauvreté » qui a augmenté, ainsi que les inégalités sociales. Pour donner un ordre d’idée, on pose le seuil de pauvreté à 987 euros par mois. Évidement, le chômage a un grand impact sur cette situation.
L’isolement social comme facteur de pauvreté
La pauvreté et l’isolement vont de pair. Les plus pauvres sont les plus seuls. L’isolement est un facteur aggravant, mais aussi un facteur exposant au risque de pauvreté. Il empêche de pouvoir bénéficier d’un soutien psychologique, d’un espoir pour le futur. Ce qui tend à empirer la situation de ces personnes. Cela concerne notamment les personnes âgées seules, les jeunes célibataires, ou encore les familles monoparentales.
Le chômage des personnes âgées est une cause directe de l’augmentation de la pauvreté chez cette catégorie de personnes. Ils sont plus touchés que les plus jeunes (11% de chômage contre 4% pour l’ensemble de la population). En ce qui concerne les familles monoparentales, elles représentent 20% des ménages vivant en dessous du seuil de pauvreté. Alors même qu’elles ne représentent que 7 % de l’ensemble des ménages.
Il y a beaucoup d’étrangers parmi ces personnes défavorisées, seuls ou en famille. Ils ont souvent fui des situations désespérées dans leur propre pays pour rejoindre la France.
Un logement en France : loin d’être un droit effectif
L’une des causes principales de l’augmentation du nombre de SDF est la crise du logement. Selon la fondation Abbé-Pierre, le nombre de SDF a augmenté de 50% depuis 2001. En 2012, il avait déjà atteint 141 500 sans domicile fixe, dont 30 000 enfants. Parmi eux, 112 000 sont sans abris. En tout, ce sont 3,6 millions de personnes qui sont soit sans domicile personnel, ou bien vivant dans des conditions de logement difficile (surpeuplement ou en situation d’occupation précaire comme les caravanes, l’hôtel, etc.).
Il faut savoir qu’être sans abri ne veut pas dire être sans emploi. 3 sur 10 sans-abris travaillent. Ceux-là ont en général un emploi précaire. Toutefois, il y a parmi eux des personnes en CDI. Ce sont les prix des logements et l’insuffisance des logements sociaux qui les maintiennent à la rue.
Lors des périodes de grands froids ou de fortes chaleurs, un numéro d’urgence existe, le 115, qui organise des places d’hébergements d’urgence. Mais il est saturé. En 2013 par exemple, 43% de ceux qui ont fait appel à ce numéro à Paris n’ont pas obtenu de réponse. Ce chiffre s’élève à 61% en province.
Malgré des déclarations politiciennes promettant « zéro SDF », en 2009, ce sont 358 SDF qui sont morts (non pas uniquement de froid). Il y a un an, selon le collectif les Morts de la Rue, il y en a eu 454 dont 15 enfants (contre 3 en 2012). D’ailleurs, 2015 a tristement commencé avec la mort d’un bébé, Francesca, petite rom deux mois, morte de froid à la gare de Lille Flandres.
La mendicité
Plusieurs arrêtés contre la mendicité ont été pris dans plusieurs villes françaises comme Marseille ou Cannes. L’ironie de ces décisions est la sanction infligée : une peine d’amende pour les mendiants ! C’est d’ailleurs le cas en Espagne où les amendes sont bien plus lourdes qu’en France. Ces décisions contre la mendicité sont un peu une mode européenne, mise à part l’Allemagne qui s’en démarque misant plus sur la solidarité.
Face à la mendicité du rue, certains ne veulent pas donner de l’argent se souciant que la personne achètera des cigarettes ou de l’alcool. Pour d’autres encore, donner créé une relation de dépendance et d’assistance du mendiant. Ce qui l’empêchera d’essayer de forcer les choses pour qu’elles changent, évitant ainsi de toucher à leur porte-monnaie.
Alors certes, il y a un sentiment de résignation à cette dépendance et cette assistance chez certains mendiants. Mais si on cherchait sincèrement une solution à cela, ce ne serait pas de ne pas donner, mais de faire un véritable don de soi. D’aider durablement la personne à s’en sortir. D’apporter un soutien psychologique, en plus de matériel, pour redonner espoir. Donner quelques pièces n’est certes pas durable, mais c’est ce qui leur permet de survivre. On peut également préférer acheter à manger aux mendiants, ce qui permet d’être assuré quant à la destination de notre contribution. C’est un moyen qui peut certes beaucoup aider. Mais il n’empêche que cela ne règle pas les soucis de frais de logement à payer, et des frais de tous les jours.
Il est aussi à noter que l’on trouve beaucoup d’étrangers parmi les mendiants. Ils n’ont souvent aucunes ressources (les ¾ des ménages n’ayant pas de ressources reçues par le Secours Catholiques sont des étrangers) et ne bénéficient pas des aides de l’Etat.
Des aides qui s’organisent
Il existe en France des associations qui viennent en aide aux plus démunis. Parmi elles se trouvent Au coeur de la précarité qui agit aussi pendant tout le mois de raamdan. Ces associations peuvent agir sur les besoins vitaux de la personne. Certaines accompagnent même les personnes et les familles dans leurs démarches et leurs droits. Comme l’accès au logement ou à la santé, parfois aux vacances ou à la culture, ou encore à une aide à l’insertion professionnelle?
Le don à ce genre d’association apparaît comme une très bonne alternative et un très bon moyen pour être assuré que notre argent servira non seulement aux besoins de survie des personnes les plus démunies, mais peut également aider dans la durée les personnes dans le besoin.
Que la misère soit à notre porte, ou à des milliers de kilomètres, elle est réelle. Et ensemble, on peut contribuer à y remédier. Cette vie est éphémère. L’argent part et revient. Ce que l’on donne en aumône n’est jamais une perte, mais une véritable épargne. Ce n’est pas pour rien que la charité fait partie d’un des piliers de l’islam, qui est la base de nos principes. N’oublions pas qu’à notre porte, il y a des êtres humains qui ont faim…