« Oh Allah, brûleriez-vous en enfer un cœur qui vous aime ? » Une voix lui a répondu : « Nous ne ferons pas cela, ne doute pas de nous »
Rabi3a Al’Adaouyah est la fille de Ismael, esclave d’une famille de la tribu bany Adwah. D’où son nom Al’Adaouyah qui signifie « de Adwah ». Elle est connue dans l’histoire pour son amour profond, sa peur et sa réelle piété envers Allah swt. Sa résistance face aux désirs matériels et physiques ont eu un grand effet sur la façon qui a mené la ville de Adwah à adorer Allah swt. Cette dureté dont elle faisait preuve envers elle-même a fait d’elle un exemple à suivre, et lui a valu le nom de « Oum el-Kheir » (la mère des bonnes choses). À travers sa vision pure et pieuse de la vie, elle savait que tout dépendait d’Allah swt, et de lui uniquement. Aujourd’hui, elle est l’une des plus grandes figures du soufisme.
L’annonce d’un destin
Rabi3a Al’Adaouyah est née à al-Basra dans le sud de l’Iraq aux environs des années 100 après l’hégire, après trois sœurs, c’est pourquoi son père l’a appelé Rabi3a (la quatrième). Après sa naissance, son père a vu dans un rêve le Prophète saws lui dire : « Ne sois pas triste de cette nouvelle naissance (fille), elle sera une personne très importante ».
Des années plus tard, Rabi3a a vu dans un de ses rêves qu’elle était éclairée d’une lumière, dans laquelle elle a entendu une voix l’appeler à se dévouer à l’adoration d’Allah et de choisir l’ascétisme à la vie matérielle. C’est ce qu’elle a fait. Elle a consacré tout son temps à la mémorisation du Coran, l’adoration et la prière. Elle attachait beaucoup d’importance à prier seule. Plus particulièrement la nuit, pendant que les gens dormaient. Allah entendait ses prières et jamais elle n’a ressenti la solitude.
Un jour, son père, également connu sous le nom « Al-3abid » (l’adorateur d’Allah) lui a demandé : « Rabi3a, supposons que nous n’ayons pas d’autre nourriture à manger qu’une nourriture illicite, devons-nous la manger ? » « Non père, nous préférerions supporter la faim plutôt que le feu de l’enfer dans l’autre monde ».
Entre amour et difficulté
Elle était très humble, très sociable et d’une très grande beauté. Elle a souvent été demandée en mariage au cours de sa vie, mais elle a toujours refusé. Sa dévotion pour Allah swt était telle, qu’elle savait que cela l’empêcherait de s’occuper d’un mari correctement. Des années plus tard son père mourut, puis sa mère peu de temps après. Ils n’avaient rien pu laisser à leurs filles à part un petit bateau que leur père utilisait pour faire traverser la rivière contre quelques pièces de monnaie. C’est rabi3a qui a repris ce petit travail.
Peu de temps après la mort de ses parents, Al-Basra a fait face à une grande famine. Des voleurs ont profité de cette occasion pour piller la ville. L’un d’entre eux a kidnappé Rabi3a et l’a vendue à un marchand pour une somme dérisoire. Elle a été ainsi séparée de ses sœurs, et ne les a jamais plus revues de sa vie. Celui qui l’a achetée était très dur avec elle et la maltraitait. Un jour, il l’a surprise en train de prier, une lumière la couvrait. Là, il a décidé de lui redonner sa liberté.
Un nouveau départ
Elle a suivi des cours de théologie à la mosquée jusqu’à ce que Allah lui donne la connaissance divine. C’est une science qu’Allah donne à des élus. On ne la trouve ni dans des livres, ni dans des prêches. Le Prophète saws a dit : « Il y a deux sortes de sciences. La première se trouve dans le cœur et c’est la plus constructive. La deuxième se trouve dans la langue, c’est une preuve d’Allah pour l’être humain ».
Elle était très émue pendant ses prières à tel point que l’emplacement sur lequel se posait son front était humide. Elle tombait presque évanouie à chaque fois qu’elle entendait des versets qui mentionnaient l’enfer. Et au contraire, elle se sentait plus calme quand ils faisaient mention du paradis. Elle avait l’habitude de prier toute la nuit pour combler sa solitude par la présence d’Allah. Elle y trouvait un plaisir que même les rois n’auraient jamais pu connaître.
Un jour, un homme est venu la voir pour lui demander de faire une prière pour lui. Elle lui a dit : « Qui suis-je ? Allah t’a béni ! Obéis à ton Dieu et demande lui, car il n’y a que lui qui puisse répondre aux besoins de ses adorateurs ».
Toutes les bonnes choses ont une fin
Rabi3a est morte à 80 ans, en 180 après l’hégire. Après une vie pleine de souffrances, mais dans laquelle elle a aimé la présence d’Allah swt. Avec l’expérience, elle a remarqué que le vrai accomplissement de soi et la vraie joie pour un adorateur digne d’Allah est de mourir le cœur rempli de confiance en lui. Elle a été enterrée à Al-Qods, à Jérusalem, au sommet de la montagne Al-Toor, enroulée dans une cape sur laquelle elle priait.
Un historien a écrit sur un homme qui aimait beaucoup Rabi3a et qui a continué à prier pour elle après sa mort. Il l’a vu dans un de ses rêves où elle lui a dit : « Tes cadeaux nous viennent sur des plateaux faits de lumière et couverts de draps de lumière ».
Sources : The Conception of Leadership in The Islamic Doctrine by Dr. Abdul Hamid Moursi et The Martyr of The Divine Love by Abdurrhman Badawy.