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Témoignage : « Victime de sorcellerie, j’ai perdu ma foi… »

Par Ayah

Publié le 21 Nov, 2019

Nous vous partageons le témoignage qu’une lectrice nous a fait parvenir à la suite de la publication de notre article « Que faire lorsque j’ai une baisse de foi, et que je me perds« . La lectrice a accepté que son témoignage soit publié anonymement.

« [155] Certes, Nous vous soumettrons à quelques épreuves en vous exposant de temps à autre à la peur et à la faim, en vous faisant endurer quelques pertes dans vos biens, dans vos personnes et dans vos récoltes. Mais tu Prophète peux annoncer une heureuse issue à ceux qui souffrent avec patience ; [156] à ceux qui, lorsqu’un malheur les touche, disent : « Nous sommes à Dieu et c’est à Lui que nous ferons retour » [157] C’est sur ceux-là que Dieu étendra Sa bénédiction et Sa miséricorde, et ce sont ceux-là qui sont dans le droit chemin » Sourate 2 Al-Baqara (la vache) ; versets 155 – 157.

« Assalamou 3aleykom,

Je suis tombée sur votre article et ça m’a donné envie de vous partager ce qui m’est arrivé, car j’ai presque totalement perdu ma foi à cause de cette épreuve. Et ce que vous dites dans l’article concernant le istighfar, la mosquée, et la patience est vrai à 100%. Dieu est grand et extrémement puissant soubhanallah.

Il y a 4 ans, j’étais étudiante en première année de licence d’anglais et je prenais en parallèle des cours d’arabe, de tajwid et de fiqh à la mosquée. Du point de vue de ma personnalité, j’étais très accrochée à l’islam. Ma foi en Dieu était forte, et ça me rendait extrêmement joyeuse tout le temps. Mon cœur était rempli de Lui, et cette vie me convenait au point où peut-être j’ai pensé que c’était impossible que je puisse perdre ma foi. Elle était tellement solide…

Je prenais mes cours islamiques dans une mosquée dans laquelle j’aimais beaucoup aller. Parce qu’elle est belle, et l’ambiance y est très apaisante. A chaque fois que j’allais à la mosquée, je faisais naturellement la prière de salutation qu’on est censé faire lorsqu’on entre dans une mosquée. Un jour, il y avait une femme d’une cinquantaine ou soixantaine d’années qui faisait la prière. Et je ne sais pas pourquoi, mais un hadith m’est venu à l’esprit. Je ne me souviens plus exactement lequel, mais un qui parle du fait que lorsqu’on prie en groupe on sert les rangs. Bien-entendu, c’est un hadith qui est valable pour les prières de groupe et non les sunnas. Mais j’ai voulu l’appliquer ce jour-là par élan de fraternité islamique, et je suis partie prier ma sunna aux côtés de cette femme qui elle aussi suivait le cours de tajwid.

A partir de là, elle me regardait beaucoup, mais d’un regard curieux. Puis la semaine suivante, à la fin du cours de tajwid, elle est venue me parler. Elle m’avait observé toute la semaine pour me demander en mariage pour son fils. Bonne famille, bonne situation, bonne éducation. Tout allait bien, sauf que je n’étais pas intéressée par le mariage, et je lui ai fait savoir. Elle a voulu connaître les raisons et j’ai fini par lui avouer que c’était parce que mes parents sont âgés, et que je ne veux pas les laisser seuls. Je veux qu’ils vivent avec moi, et je crains qu’un mariage compromette ma volonté de les prendre en charge. Elle a essayé de me convaincre du contraire, me disant que je suis jeune et que je dois profiter de ma jeunesse. Que mes parents ont eu leur chance dans leur vie, et que je devais prendre la mienne. Mais elle voyait bien que je ne lâchais pas. Et que surtout, j’argumentais mon propos sur la base de hadith et du coran. Après notre échange d’environ une heure ou deux, on a conclu sur le fait de faire salat istikhara, et que Dieu décidera du destin de cette demande de mariage.

Ce jour-là, je suis rentrée chez moi et j’en ai parlé à ma mère. Elle était très contente et voulait que je dise oui à cette demande de mariage. Mais je lui ai fait savoir que je ne donnerais pas suite. Elle a tenté de me convaincre jusqu’au lundi où je devais rencontrer de nouveau cette femme pour lui donner ma réponse. Sauf que le lundi, elle n’était pas là. Le mardi non plus, et c’est donc finalement le vendredi que je l’ai rencontré au cours de tajwid. L’une des seules paroles qu’elle m’avait adressé était : « Est-ce que tu es venue à la mosquée cette semaine ? ».

Il y a une autre information que je dois préciser, c’est que le vendredi où cette femme m’a adressé la parole, ou bien le vendredi suivant où elle est finalement réapparue, j’avais un cours plus tard dans la journée auquel cette femme n’assistait pas. Mais il y avait une sœur qui me regardait toujours de travers soubhanallah. Malheureusement, ce jour-là la prof a parlé d’un sujet, j’ai participé en mentionnant un hadith et j’ai fondu en larmes du fait de la beauté de la sagesse du hadith. N’ayant pas voulu m’exposer devant toute la classe je suis partie, puis je suis revenue quelques minutes plus tard. Je me souviens que la prof avait dit soubhanallah du fait que j’ai fondu en larmes, mais que la sœur qui me regardait toujours de travers, me regardait avec plus de noirceur. C’est une précision un peu étrange, mais ça a son importance pour la suite de l’histoire.

Quelques jours après la réapparition de la femme à la mosquée, comme ça, du jour au lendemain, j’ai perdu ma foi.

Je me souviens que je m’étais retrouvée seule chez moi le soir et qu’une peur bleue m’a habité. J’ai mis sourate Al-Baqara, mais ça n’a eu aucun effet sur moi. La peur avait pris possession de mon corps, et je sentais que je n’étais pas seule chez moi. Alors j’ai fini par sortir dehors en attendant que mes parents rentrent. Je n’arrivais plus à rester toute seule la nuit, j’avais peur. Une peur que je n’ai jamais ressentie de ma vie. Tout à coup mon cœur, ma foi, ma sécurité, mes certitudes envers Dieu, tout avait disparu. Franchement ce jour-là, j’ai compris que ce qui sécurise notre être c’est Allah swt. On n’y pense jamais parce qu’on ne pense pas que ça ne puisse pas venir avec le package donné à la naissance. Pourtant tout est à la carte, alors qu’on prend tout pour acquis soubhanaAllah. On est vraiment ingrat…

Depuis le jour où cette peur a commencé, je ne pouvais plus dormir seule. Je dormais avec ma mère alors que j’avais 20 ans. Et ça a duré des mois. Pendant mes nuits, je ne faisais que des cauchemars. D’ailleurs je ne me souviens pas d’avoir rêvé d’autant d’animaux et de djinns de ma vie que pendant cette période. C’était horrible. J’avais une demi-vie la journée, et un enfer la nuit. Je mettais sourate Al-baqara chaque soir pour purifier l’ambiance, même si en toute honnêteté ça n’avait aucun effet sur moi. La peur qu’il y avait en moi était plus forte. Mon cœur était devenu vide, voire même absent.

Ayant la foi avant cette épreuve, connaissant mon cœur et mes habitudes avant ça, j’ai très rapidement compris que j’avais été soit victime d’un mauvais œil, soit de sorcellerie, soit des deux. C’est comme quand on vous vole quelque chose. Pour peu que vous chérissiez ce qu’on vous a volé, vous allez le remarquer très vite. Et c’est ce qui s’est passé. Le problème c’est que même si j’étais lucide sur ce qui m’arrivait, ma vie spirituelle était devenue une coquille vide. Et je n’avais plus envie de pratiquer, car ça n’avait plus de sens pour moi. D’ailleurs, j’étais très proche du koufr pendant cette période. Sans compter que personne ne peut comprendre ce que vous vivez en dehors de Dieu.

Pendant cette période, je n’avais plus le sourire, mes penses étaient négatives, j’étais victime d’un was-was incessant, je n’arrivais plus à aller à la mosquée, je n’écoutais plus sourate Al-Kahf les vendredis, je ne méditais plus sur les versets du coran, je ne faisais plus toutes mes prières (les surrérogatoires)… J’ai abandonné ma pratique religieuse pourtant habituelle, car elles n’avaient plus aucun sens. Bien-entendu, ayant conscience que j’avais été victime d’un mal extérieur, j’ai essayé de maintenir autant que j’ai pu un minimum de pratique. J’ai maintenu les prières obligatoires Du reste, j’ai tout abandonné car je n’y arrivais pas.

Le premier mois de cette épreuve, je ne comprenais pas ce qui m’arrivait. Bien sûr j’ai compris que j’avais été victime de quelque chose. Du coup, je repassais en revue toutes les situations que j’avais pu vivre avant de tout perdre. Ma vie étant très simple, je ne comprenais pas d’où ça pouvait venir. Puis, cette femme qui m’avait demandé en mariage pour son fils, et la sœur qui me regardait de travers, et la prof du cours dans lequel j’ai pleuré ont atterri dans ma liste de possibles coupables. Mais comment le prouver.

Comme toute personne atteinte d’un mal, j’ai eu le réflexe de passer des journées entières à rechercher sur la sorcellerie, le mauvais œil, les symptômes. Très vite, je suis tombée sur les symboliques dans les rêves. J’avais beaucoup de ces éléments dans mes rêves. Mais un animal ressortait plus particulièrement, et c’était le serpent. Ce qui signifie une sorcellerie avec les nœuds. Alors j’ai fait une salat istikhara, et soubhanaAllah, dans le rêve la femme qui m’avait demandé en mariage pour son fils a été démasqué pour la sorcellerie… Je tiens aussi à préciser que lorsque j’ai eu conscience qu’on m’a fait une sorcellerie avec les nœuds, le pouvoir cette sorcellerie sur moi a diminué. Car comme j’ai pu le trouver dans mes recherches, le fait d’avoir conscience de ce qui nous a été fait diminue les effets.

J’ai continué mes recherches, et les remèdes que tous proposaient était la roqya char3iya. Le problème c’est qu’elle doit être effectuée par une personne pieuse. Et je n’en connaissais pas. Puis avec la grâce de Dieu, je me suis rappelée que c’est Dieu qui décrète les bonheurs et les épreuves. Je savais que s’Il m’avait mis dans cette situation c’était pour que je révèle mes vraies couleurs. Est-ce que j’allais m’enfoncer dans la non pratique de l’islam ? Ou bien, est-ce que j’aillais faire un jihad contre moi-même et ce mal qui m’habitait jusqu’à l’éradiquer de ma vie ? Et là, c’est un conseil que je donne, toute personne qui souffre actuellement d’un mal similaire. N’oubliez jamais ça. La meilleure roqya c’est Allah swt.

Cette certitude m’a mené à continuer mes recherches, à lire des forums, à rechercher des expériences. Jusqu’à tomber sur ce témoignage d’une femme qui a été victime d’une sorcellerie de la part d’une femme au sein de sa belle-famille. Dans un rêve, après plusieurs nuits à cauchemarder, elle s’est vu poignarder une femme au sein de sa belle-famille, et soubhanaAllah, le lendemain cette femme avait une blessure exactement à l’endroit où elle l’avait poignardé dans le rêve, et je crois qu’elle est décédée quelques jours après. Toujours est-il qu’une personne avait commenté pour dire que Dieu peut nous donner le pouvoir de combattre ce mal dans nos rêves. Et qu’il faut en faire la dou3a. Car le monde des rêves est un monde réel soubhanaAllah.

Alors j’ai fait des dou3as pour qu’Allah swt me donne le pouvoir de combattre cette sorcellerie et d’y mettre fin. Et el hamdulillah, aussi étrange que ça puisse paraître, j’ai passé des nuits à découper et tuer des serpents dans mes rêves. En moins d’un an, je me sentais mieux el hamdulillah. Mais ma foi n’était toujours pas revenue, probablement à cause que la sorcellerie n’avait pas été totalement enlevé et qu’il y avait aussi la présence d’un mauvais œil.

Je tiens aussi à préciser que pendant mes recherches où j’essaie de comprendre pourquoi j’en été arrivée là, je me suis remise en question. Je me suis souvenue d’un jour où j’ai pensé que jamais ma foi disparaîtrait car elle était tellement solide soubhanaAllah. Mais ce sur quoi j’étais ignorante, c’est que la foi appartient à Dieu. C’est une grâce qu’Il donne et retire comme Il en a envie. Et ce jour-là, j’ai compris que ma foi ne reviendrait pas par ma simple volonté. Il faudrait que je la mérite et que je me bats pour l’avoir de nouveau. Et soubhanaAllah, avant la sorcellerie j’écoutais beaucoup de dourous. Après j’ai perdu cette habitude. Mais pendant mes recherches j’écoutais ceux qui pouvaient m’apporter des réponses. Et il y a eu ce darss sur les malheurs qui nous touchent sans qu’on comprenne pourquoi. Dans ce prêche, c’était mufti Menk je crois, il a parlé du istighfar. Disant que ça ouvre des portes, et que ça purifie les croyants. Honnêtement, avant la sorcellerie, je faisais du istighfar, mais pas plus que ça. Une fois touchée par cette épreuve, je n’avais presque plus que ça à la bouche.

Les trois années qui ont suivi, je suis revenue à ma pratique petit à petit, bien qu’elle n’avait plus ce plaisir qu’elle pouvait avoir avant. Je faisais la prière car il fallait la faire. J’écoutais le coran, je faisais du dhikr, mais mon coeur comportait toujours cette sensation de vide, malgré que ma situation s’améliorait el hamdulillah. Et puis un jour, il n’y a pas si longtemps que ça, j’ai décidé de retourner à la prière du vendredi à la mosquée. Je crois que ça été la dernière « tape de mon rétablissement. Le rappel profite au croyant…

Les trois années qui ont suivi, je suis revenue à ma pratique petit à petit, bien qu’elle n’avait plus ce plaisir qu’elle pouvait avoir avant. Je faisais la prière car il fallait la faire. J’écoutais le coran, je faisais du dhikr, mais mon cœur comportait toujours cette sensation de vide, malgré que ma situation s’améliorait el hamdulillah. Et puis un jour, il n’y a pas si longtemps que ça, j’ai décidé de retourner à la prière du vendredi à la mosquée. Je crois que ça été la dernière étape de mon rétablissement. Le rappel profite au croyant…

  1. Avant d’avoir subi cette épreuve, pour moi la sorcellerie c’était un peu subjectif dans le sens où je ne comprenais pas vraiment comment ça se traduisait. Surtout que beaucoup de personnes utilisent la sorcellerie pour justifier leurs mauvais agissements. Or, la sorcellerie, rend impuissant, mais pas psychologiquement absent de soi-même. En tout cas, pour une personne qui a un minimum de foi et de compréhension de la sagesse spirituelle, il sera très facile de comprendre qu’une force extérieure tente de l’affaiblir et de la faire dévier. Il faut donc résister malgré les efforts pharaoniques que ça demande. Vous avez toujours le contrôle sur vous-même. Simplement, c’est comme si vous étiez sous l’emprise d’une substance dont les effets ne s’arrêtent jamais à moins que Dieu y mette fin. Ce que je veux dire c’est que la sorcellerie est une chose extrêmement rationnelle et scientifique soubhanaAllah.
  2. On pense souvent que pour qu’une personne fasse de la sorcellerie sur vous, il lui faudra une photo ou un objet vous appartenant. C’est une idée reçue. Cette femme n’avait rien de moi, ou en tout cas, je ne le pense pas. Mais comme on dit Dieu est le plus savant. Et aussi, il ne faut pas oublier que le mauvais œil accompagne souvent la sorcellerie dont on peut être victime. Car très souvent quand on veut comprendre les raisons pour lesquelles les personnes agissent comme ça, c’est la jalousie qu’on trouve en premier. D’ailleurs, c’est la seule explication que j’ai pu trouver à cette femme.
  3. Dès qu’on a conscience du mal qui nous touche son pouvoir sur nous est diminué. Ce qui signifie qu’on a encore plus de contrôle sur sa personne. C’est difficile, mais moins qu’au début. Et c’est là qu’on voit que les personnes qui justifient leurs actes avec la sorcellerie racontent, à mon avis, n’importe quoi. Mais Dieu est le plus savant.
  4. Même si, surtout la première année, j’ai nagé dans l’obscurité la plus totale, je suis extrêmement reconnaissante pour cette épreuve, SoubhanaAllah ! Ça rend humble devant Dieu d’être en situation d’impuissance totale. Personne ne comprenait ma situation, personne ne pouvait m’aider, seul Dieu avait décrété cette épreuve et pouvait m’en sortir. Ça fait aussi réfléchir sur la durée des épreuves. On a toujours l’impression que c’est trop long, alors que c’est la juste mesure soubhanaAllah. Je suis reconnaissante pour cette épreuve que j’ai perçu comme un test de la part de Dieu. Ça a directement touché ma foi. Et si on n’a pas de foi, on n’a pas d’islam. Je pense que se souvenir que Dieu est celui qui décrète même la sorcellerie qui vous touchera rend humble. Ça nous permet de comprendre que cette vie est un test pour voir si on préfère Dieu ou le contenu de cette vie.
  5. C’est arrivé dans le cadre de la mosquée. J’étais de ceux qui pensent que la mosquée implique des gens qui ont un minimum peur de Dieu. Mais non, on y rencontre des personnes profondément hypocrites. Bien sûr, il ne faut surtout pas se méfier de tout le monde. Car comme je l’ai dit juste avant, c’est un décret de Dieu, il serait donc impossible de l’éviter. Ayez confiance en Dieu, et comprenez que ce qui vous est destiné peut arriver de là où vous ne l’attendez pas. La sorcellerie est une épreuve pour le croyant. Une épreuve à laquelle même le Prophète saws a été soumis, et c’est Dieu qui l’a sorti de cette épreuve en lui révélant où se trouvait la sorcellerie qui lui avait été faite.

Si vous devez retenir une chose de mon témoignage. Dieu est plus puissant que tout ce qu’il a créé. La sorcellerie fait partie du mal qu’il a créé. Dieu sera toujours plus fort. Alors concentrez-vous sur Lui, soyez patients, accrochez-vous, et admirez ses miracles soubhanaAllah ».

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