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Mieux vivre avec une maladie chronique (chronique)

Par Houda

Publié le 6 Oct, 2015

A chaque fois que j’annonce à quelqu’un que je ne peux pas prendre de gâteaux, j’ai droit à une remarque sur le danger des régimes alimentaires, sur l’inutilité du régime au vu de ma taille fine, ou encore sur une éventuelle anorexie… J’ai alors pris l’habitude de dire automatiquement « non merci, je suis diabétique ». Ça ne m’épargne pas un regard surpris et désolé, mais ça ne me dérange pas pour autant. Je m’y suis habituée. Quoique ceci n’est pas du tout arrivé du jour au lendemain…

On a découvert mon diabète quand j’avais 15 ans. A cet âge, on sort entre amies, on ne se prive pas de confiseries et de chocolat, et on n’imagine pas notre été sans barbe à papa… ça a été un vrai choc pour ma famille. Quant à moi, je ne prenais pas ça au sérieux et j’enchaînais les crises et malaises, sans parler des disputes avec mes parents. Quelques mois ont suffi pour me rendre compte que si je voulais rencontrer plus fréquemment mes amies et ne pas rater les séances d’aérobic que j’aimais tant, il fallait que je respecte le régime alimentaire imposé par le médecin…

Je me rappelle avoir pleuré toutes les larmes de mon corps, seule dans ma chambre. Je me lamentais sur mon sort et je me demandais pourquoi ça m’arrive à moi et pas à quelqu’un d’autre. Je me sentais différente, j’avais honte et j’évitais les rencontres en famille. Là où je devais faire face aux regards de pitié et de compassion… Je ne voulais pas de traitement spécial. Je voulais juste être comme tout le monde…

J’ai toujours sur moi, mon lecteur de glycémie. Cela me permet de contrôler mon taux, et d’éviter d’éventuels malaises. Au début, ma mère était très anxieuse, elle me faisait « piquer » toutes les heures et me regardait d’un œil soupçonneux lorsque le taux était un peu élevé… Elle a appris avec le temps à me faire davantage confiance… Et j’ai appris à accepter ma maladie et à renoncer à cette rage interne qui me poussait à consommer des sucreries. Encore et encore, juste pour me venger… De qui ? De quoi ? Je n’en savais rien…

Dix années sont passées, me voilà assise autour d’une table de fête, garnie de tous les délices pour lesquels on ne peut qu’avoir l’eau à la bouche. Je ressens une certaine fierté en me sentant peu touchée par ce « spectacle » culinaire…

On dit que ce qui ne nous tue pas, nous rend plus forts. Ma maladie m’a fortement affaibli au début, mais j’ai découvert en moi une force interne. Celle de relativiser les choses. J’avais fait l’erreur de me focaliser sur ce dont je suis privée. A cause de ma maladie, je ne prenais pas goût à la vie, à tout ce que je pouvais faire. Un jour, une personne m’avait dit que dans la vie, on a le choix de la vivre en se lamentant sur notre sort, ou bien en profitant de tout ce que nous avons… J’ai fait le deuxième choix, et je suis loin de le regretter !

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